BRÈVES

N°174 mars 2018



BRÈVES


Encore plusieurs jours de retard ! La faute à ce fichu février tronqué, mais surtout à une activité éditoriale intense. Alors que les grands éditeurs se démènent en septembre, notre petit Miel des anges a opté pour deux récoltes par an, au printemps et à l'automne, si bien que cette année il a fallu pomponner pas moins de quatre livres avant leur sortie en mars : des poèmes de Tàkis Sinòpoulos, Katerìna Anghelàki-Rooke et Mihàlis Ganas, ainsi que Le sarcophage de Yòrgos Ioànnou, recueil de nouvelles paru chez Climats il y a vingt-cinq ans et depuis longtemps épuisé. À quoi s'ajoutent deux nouveaux titres chez l'ami publie.net : l'édition papier d'un autre recueil de Ioànnou déjà disponible en numérique, Douleur du Vendredi saint, et un roman étonnant de Stavroùla Dimitrìou, L'âme du miroir. Le nouveau polar de Pètros Màrkaris, Offshore, qui vient de sortir au Seuil, était prêt depuis des mois, mais c'est le suivant, un recueil de nouvelles, qui déjà se prépare.

Détails sur les nouveaux venus après leur parution dans le courant du mois prochain.

À quoi s'ajoutent les déplacements. Deux jours à Arles, dans un petit café sympa plein de bouquins, le Lisbeth, à côté de l'espace Van Gogh : vente de nos ouvrages, discussions, et surtout concert-lecture avec Marìa Kanavàki et Chrìstos Pàvlis, excellents musiciens. Puis Carcassonne le weekend suivant, pour deux journées poétiques avec l'amie Katerìna Fotinàki : accueil chaleureux dans un lieu tout imprégné de poésie, la Maison des Mémoires, public nombreux ensorcelé par le chant de Katerìna.

Quelle chance, quel bonheur de travailler avec ces trois Grecs-là — et quelques autres !


Elle sait chanter trois voix à elle toute seule !
Katerìna et l'une de ses guitares.

*


Continuons les vadrouilles, direction Saint-Nazaire, où Gérard Lambert-Ullmann anima pendant dix-huit ans une librairie, Voix au chapitre, bien connue dans la région. Il fait revivre cette aventure dans un récit, Dernier chapitre (Joca Seria), tout plein de ses rencontres avec des livres et des gens.

«La librairie, c'est un lieu où l'on se raconte, où l'on parle de ses soucis, ses malheurs, ses plaisirs. (...) Un lieu où l'on fait des rencontres, où l'on séduit. Un lieu où l'on s'engueule aussi, où l'on crache le morceau. Ça fait du bien. La librairie, c'est un bistrot où les livres remplacent les bouteilles. Ça remue la vie. Allez trouver ça dans la vente en ligne !»

Voilà cent pages toutes chaudes, passionnées, à l'image de leur auteur. Cœur gros comme ça, parler dru, dent dure parfois. Ses nombreux portraits-minute d'écrivains ou de clients sont joliment vachards à l'occasion, sans parler de ses diatribes contre les puissances d'argent qui nous gouvernent, mais en même temps ces pages débordent de tendresse et de générosité. Quel étrange commerçant, capable d'offrir un livre à un SDF ! Et de traiter les voleurs de livres, dit-il, «avec une certaine tolérance». Résultat : «Je constate qu'on m'a volé très peu de livres. Je sais même que certains anarchistes ont fait la leçon à une de leurs copines parce qu'elle avait volé des livres chez moi. J'en conclus que la meilleure vidéo surveillance c'est la sympathie.»

Ce libraire libertaire ne s'est pas enrichi, il a même dû baisser le rideau, vaincu par les fnacs et les amazones, riche malgré tout de «ce plaisir incomparable de rencontrer des gens bien». Et comme on n'imagine pas ce genre de bonhomme en charentaises, Lambert-Ullmann n'a pas dit son dernier mot ! Il continue d'animer un prix littéraire à son image, le prix Loin du marketing, au solide palmarès. Le présent site en a déjà parlé, et compte bien récidiver tous les ans.


...par la sécu ?
Quand seront-ils remboursés...

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J'ai parfois recours à l'amazone, je le confesse, quand un ouvrage est introuvable, mais j'ai cessé de m'enfnaquer, et si les librairies indépendantes ont du mal, ce n'est pas de ma faute. Témoin, dans le petit couloir qui mène à mon bureau, face aux vécés, les vingt rayons occupés par les livres achetés mais non lus. Tous les mois, les volkonautes le savent, un tirage au sort extrait de la fosse commune l'un d'eux, acquis voilà des années, un demi-siècle parfois ; l'ouvrir est comme un pied de nez à la mort.

Rabelais secret, de Claude Mettra, publié en 1973 chez Grasset, acheté en février 79, laissé de côté en attendant de relire tout Rabelais, sans doute... Difficile de bien le lire, ce Rabelais si lointain désormais, sans le soutien d'un tel ouvrage ; mais quiconque lit celui-ci sans se plonger dans Rabelais ensuite n'aura pas perdu son temps. Mettra, qui fit longtemps les beaux jours de France-Culture, est aussi calé en histoire qu'en philosophie, il a lu Markale, Roupnel, Bakhtine et les autres, il n'a pas son pareil pour exposer des choses compliquées de façon simple, vivante et chaleureuse. La première vertu de ce livre, c'est de ressusciter cette société de la Renaissance, si différente de la nôtre, grouillante, débordante, sa fraîcheur exubérante, sa violence parfois, la promiscuité continuelle, la vie en plein air, les fêtes, les grands voyages à pied... Les routes sont pleines alors de toutes sortes d'errants, et l'auteur évoque avec pénétration et sympathie «ces gens obscurs, enfermés dans leurs somptueuses guenilles», suggérant que «leur dessein n'était pas tout à fait celui des autres hommes, que derrière l'anarchie ou la violence de leurs habitudes, ils étaient ouverts à un autre monde pour lequel les yeux ordinaires n'avaient point de lumière».

Rabelais ? On sait bien peu de chose de lui, Mettra le reconstitue à travers ce qu'on sait de son époque, et la lecture fine de ses livres évidemment. Et c'est passionnant. Il y a là des pages nourrissantes et enivrantes sur la bouffe et la boisson, des pages précieuses sur la magie et l'alchimie, des pages édifiantes sur le sexe ou le mysticisme — mais ce sont parfois les mêmes, à preuve les extases d'une abbesse de Solesmes qui se croit engrossée par l'Époux, accouche de Jésus le jour de Noël et lui donne le sein. «Quelle pâmoison d'amour, lorsque les lèvres de l'Époux attiraient la substance de ma vie et que je me sentais ainsi passer dans mon bien-aimé !»

On parlait de lumière tout à l'heure. Eh bien oui, on retrouve dans les écrits de Claude Mettra, comme dans ses émissions jadis, quelque chose de chaud et de lumineux, Claudio gratias.


Il n'a pas du tout la trogne d'un gros mangeur-buveur !
Rabelais et son fiston Pantagruel.

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Le tiré au sort de janvier, que je n'avais pu lire à temps, c'est un tout petit volume, 14,5X10, publié par le Serpent à plumes. Cette épatante maison fut d'abord une revue trimestrielle née en 1988 qui publiait des nouvelles, étrangères surtout — rien que de l'inédit, rien que du haut de gamme. Les numéros, de grand format, furent ensuite réédités dans l'un des petits livres en question. Ce n°3, de 1992, offre un sommaire de rêve : Gabriel García Márquez, Edna O'Brien, Primo Levi, Miguel Torga, V.S. Naipaul, Günter Grass et Sergi Pàmies, à côté des Français Jean Echenoz et Éric Holder. Un régal d'un bout à l'autre. On n'a qu'une envie : continuer de lire chacun des neuf.


Tout le monde peut se tromper...
Oups !

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Décidément, vivent les nouvelles. Et si j'allais voir celles de Mérimée ? Il y en a dix-huit, réparties dans deux volumes du Livre de Poche. Colomba, presque un roman — Comment ? Tu n'as pas encore lu Colomba ? s'étonne Carole — nous emmène en Corse après la chute du Premier Empire. La vendetta reste florissante, l'histoire est sanglante et romanesque à souhait, avec idylle obligée, mais le couple principal dans l'affaire, ce sera le frère et la sœur : lui, jeune soldat de retour au pays, hostile aux anciennes coutumes ; elle, fidèle aux traditions, ardente, violente, qui déploiera des trésors de ruse pour amener son frère à tuer pour venger la famille.

Pas tout à fait aussi célèbre que Carmen, l'autre star mériméenne, Colomba est un sacré personnage, vestale féroce, implacable, pas vraiment aimable au fond. Ce qui fait le charme de cette histoire, c'est cette curieuse antinomie : d'une part, une intrigue très romantique par son côté extrême — quoique l'auteur, nous dit-on, décrit fidèlement la réalité de l'époque ; et d'autre part une certaine distance dans la narration, une ironie légère, comme si l'auteur n'y croyait pas tout à fait.

On ne va pas crier au chef-d'œuvre, mais Colomba fait passer un moment plus qu'agréable, et si on avait le temps on ne quitterait pas le père Mérimée si vite...


...dans un téléfilm de Laurent Jaoui.
Olivia Bonamy est Colomba...

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Des amis d'excellent conseil me disant le plus grand bien d'Yves Ravey, voyons voir. Il a publié une quinzaine de romans et cinq pièces de théâtre, mais sans jamais attirer les foules, et en lisant son dernier roman, Trois jours chez ma tante, paru l'an dernier chez Minuit — comme presque toute son œuvre —, on croit comprendre pourquoi.

Il est très bon, Ravey. Cette histoire d'un type qui revient d'Afrique pour se faire rudoyer et déshériter par une vieille tante acariâtre est racontée avec une habileté tout à fait jouissive. Cette façon d'exposer la situation non pas le plus vite possible, comme le veut la tradition, mais lentement, sournoisement, par petites touches et non-dits béants, c'est du grand art. La magouillerie du narrateur, nous ne la découvrons que peu à peu, comme souvent dans la vie. Et tout le reste, personnages, événements, se révèle de la même eau trouble, voire carrément sale. C'est fin, malin, drôle sans rire, genre quart de sourire, et exposé dans une langue simple, d'un gris plein de nuances, l'air de ne pas y toucher.

Or comment le toucher, le grand public, en étant si peu flashy, si subtil ?


Minuit, gage de qualité.
Papa et son bébé.

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Côté science-fiction, encore un ténor, un classique, Robert Heinlein, avec l'un de ses grands succès : Révolte sur la lune, de 1966. Une belle donnée de départ : dans un futur lointain, la lune, devenue colonie pénitentiaire, peuplée de parias, honteusement exploitée par la terre, se révolte et gagne son indépendance par miracle. Aidée en cela, il est vrai, par un ordinateur central qu'on voit développer peu à peu son intelligence au point d'acquérir des idées, des sentiments, un caractère bien trempé («horrible mélange d'enfant innocent et de sage vieillard») et beaucoup d'affection pour une poignée de sympathiques révolutionnaires.

Roman d'une grande ampleur, réflexion politique intéressante par ses accents libertaires, sa contribution à l'art de l'insurrection, de la manipulation et de l'embrouille, Révolte sur la lune est par ailleurs très inventif dans la description de la société lunaire — même si sa vision du futur n'est pas clairvoyante à 100% : pas de téléphones portables, mais des cabines téléphoniques à tous les coins de rue. Enfin, peu importe. Quel beau roman cela ferait sur 200 pages ! Il y en a plus de 600, hélas...

Heinlein a écrit tout son livre dans une langue du futur, légèrement décalée, que la traduction, pas mauvaise au demeurant, a timidement aplatie. Faut-il y voir la lourde main de l'éditeur ?


Méliès, Le voyage dans la lune.
Pour un peu, elle n'y coupait pas...

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Le futur encore avec Bug, le nouvel album d'Enki Bilal (Casterman). En 2041, toutes les données numériques disparaissent d'un coup, semant le chaos sur toute la planète, et se retrouvent dans la mémoire du seul survivant d'une mission spatiale aussitôt poursuivi, traversant moult péripéties délirantes et cruelles, croisant une foule de personnages terrifiants — et ce n'est que le tome 1. Le dessin, plus somptueux que jamais. D'où vient ma réticence ? Je me sens étouffer dans ce cauchemar frénétique, avec horreur à tous les étages. C'est ma faute, pas la sienne. Je ne suis pas un bon client pour Bilal, et ne souhaite en dégoûter personne.


Le lecteur aussi en prend un coup...
De quoi se faire une petite idée.

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Soufflons un peu. Après le bruit et la fureur, un peu de silence avec le poète Christian Ducos. Ce n'est pas sa première apparition ici. J'aime sa voix dense et douce. Avec lui, quelques vers suffisent pour que le poème existe et longuement résonne. J'avais aimé Triptyque 2, voici Triptyque 3, publié l'an dernier par ses propres éditions, dites du Pauvre songe : trois méditations (la mort, l'amour, la création) sur trois feuilles pliées en trois, portant chacune trois brefs poèmes de même longueur et structure.

Et puis un ensemble plus étoffé, Dans l'indifférence de l'arbre, publié en 2012 au Cadran ligné.


En moi se tient un arbre. Il ne sait pas qui je suis.

Dans l'indifférence de l'arbre, je grandis.


Après cet exergue, qui annonce le thème, suivent 62 poèmes de deux fois trois vers chacun, quelques mots à peine, chuchotés. On tourne lentement autour de l'arbre, et de soi-même aussi, la régularité absolue de la forme suggérant une avancée pas à pas, une patience tranquille, obstinée, une concentration extrême du regard. Le poète recherche, et peu à peu atteint, «l'ivresse des choses rendues à elles-mêmes», comme l'écrit le poète Laurent Albarracin, autre de nos habitués, à propos du présent recueil, dont il est aussi l'éditeur.

Rendre les choses à elles-mêmes, dans un mélange d'évidence et de mystère, c'est l'idéal d'Albarracin lui-même ; ivresse, oui, mais ivresse tranquille :


à la vue des grands pins seulement

mon cœur

s'apaise


Tout est beau dans ces pages, où se détachent quelques moments superbes :


face à la sauvagerie

des hommes

toute arme abandonnée


l'immobilité

ultime

épée


Ou bien :


il n'y a que le vide

qui se puisse

illuminer


brindille encore

hélas

que la beauté


Ou bien :


l'arbre n'entend rien

au bavardage des saisons

il écoute


le pas

d'un dieu

dans ses veines


Des moments qu'on voudrait savoir par cœur, pour servir de viatique.


Le poète vit non loin de la forêt landaise.
«À la vue des grands pins...»

*


Début des années 60. Brassens, album n°6, celui où il dit, sans chanter, en ne cachant pas son émotion pour une fois, trois poèmes de Paul Fort, dont l'enterrement de Verlaine que suivent «Montesquiou-Fezensac et Bibi-la-Purée» ; où il met en musique un beau poème de Banville ; où l'on retrouve quelques joyaux 100% Brassens, dont «L'orage» («Parlez-moi de la pluie et non pas du beau temps»), «Embrasse-les tous» («... En attendant le baiser qui fera mouche / Le baiser qu'on garde pour la bonne bouche») — l'une des chansons où il swingue le plus, en subtil décalage avec la mesure —, et «Le bistrot», «Dans un coin pourri / Du pauvre Paris»), tour de force versificatoire avec ses rimes en «ace» lancinantes. Je me régale tout du long et note, dans «Le mécréant» dont je ne me souvenais guère, ces vers à méditer :


Si l'Éternel existe en fin de compte il voit

Qu'je m'conduis guère plus mal que si j'avais la foi.


...pour vendeur de paratonnerres.
Un petit coin de parapluie...

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Question douloureuse pour Carole et moi : quand on ne voit guère plus qu'un film par semaine, lequel choisir, entre toutes ces vieilles merveilles en DVD et les trois ou quatre nouveautés séduisantes qui déboulent chaque mercredi ?

Carole ayant un faible pour le cinéma U.S., nous enchaînons trois films de là-bas :

— de Martin McDonagh, émule des frères Cohen, Les panneaux de la vengeance, que sa violence un rien complaisante, à la Tarantino, n'affaiblit qu'à peine, film en fin de compte subtil où le personnage de la vengeresse implacable est éclipsé, ô surprise, par celui si nuancé du flic attaqué par elle ;

— une rareté de 1987, Les baleines du mois d'août, où Lindsay Anderson, sorti de quelques films un peu rentre-dedans, dirige Bette Davis, Lilian Gish et Vincent Price dans une ballade élégiaque très douce ;

— et le nouveau Woody Allen, Wonder Wheel, très réussi ma foi. Certains boycottent l'auteur en raison d'accusations qui ne seront jamais prouvées ; son film ne contenant rien de répréhensible sur ce plan, le voir pour faire la nique à certains inquisiteurs constitue un mini-acte citoyen.


Big little man.
Woody à la plage.

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Autre nouveauté : L'apparition de Xavier Giannoli, où un journaliste agnostique est appelé par le Vatican à enquêter sur un cas d'apparition de la Vierge. Le miracle, en fait, c'est que ce film dont le scénar, quand on y pense, prend l'eau de toutes parts, puisse envoûter à ce point. La jeune visionnaire (Galatea Bellugi) a des moments de grâce absolue et certains plans nous font monter aux cieux.


Bellugi, avec deux l...
Vincent Lindon, Galatea Bellugi

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Mais le grand moment du mois, c'est les retrouvailles avec La collectionneuse d'Éric Rohmer. Je ne me souvenais pas que le héros, comme tant d'autres chez Rohmer, hésitait entre une femme tentatrice et la stabilité amoureuse. Je ne me rappelais pas l'agressivité extrême de certains dialogues, pire que chez Marivaux, et le contraste (évidemment voulu) entre les grands discours intellos compliqués des deux hommes, leur affectation d'indifférence face au corps sublime de la jeune femme, et l'évidence du désir. J'avais oublié les deux ou trois sourires extraordinaires d'Haydée Politoff. Et je ne m'attendais pas à être si heureux, comme si cinquante ans après je retrouvais intact le lieu où je vécus des vacances de rêve.


Photo un peu floue, comme si tout cela n'était qu'imaginé.
L'un de ses sourires de rêve.

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Sur la B.O. du mois, Mozart et les Stones.

Les concertos de piano de Mozart, par moments ça me prend et je les réécoute en boucle, le Jeunhomme et les dix derniers surtout, frappé à tous les coups par cette alliance parfaite de grâce et de force. (J'allais écrire «grâce féminine» et «force virile», mais j'entends déjà crier...)

L'un des avantages d'Internet, c'est qu'on peut voir enfin ceux qu'on ne faisait qu'entendre jadis à la radio. «Ruby Tuesday» des Stones, par exemple, belle chanson de 1967, chouettes paroles aussi, vient de me trotter plusieurs jours dans la tête, après que j'ai vu Brian Jones himself jouer la délicieuse partie de flûte à bec !


Mort à 27ans, deux ans après «Ruby Tuesday».
Brian Jones, multi-instrumentiste.

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Je termine souvent ces Brèves en jetant un œil à l'actualité, comme on plonge dans un bain de boue, avant de faire appel à la musique pour se laver de certaines horreurs. Mais peut-être serait-il bon de chercher dans l'actualité elle-même des consolations ?

Chaque jour ou presque fait grincer des dents. Mélenchon par exemple : on a besoin de croire en lui, je m'efforce de l'estimer, mais il me décourage une fois de plus. Son dernier pétage de plombs, cette façon de vomir la presse tout entière avec le sens des nuances d'un rhinocéros parano, est digne d'un Macron, d'une Le Pen ou d'un Wauquiez, autres minables.

Oui mais chaque jour ou presque on entend la voix d'êtres admirables. Il y a Jacques Toubon, notre défenseur des droits, cet homme de droite qui se bat pourtant du bon côté comme un beau diable, il y a l'éloquent François Sureau, les articles de Stéphane Foucart dans Le Monde, tous les héroïques lanceurs d'alerte, sans compter les silencieux, ceux qu'on appelle désormais les Nouveaux Justes, qui apportent un peu de réconfort aux migrants qu'ils secourent, et aux témoins indignés que nous sommes.


Et honte aux juges qui l'ont condamné.
Gloire à Cédric Herrou.

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Cherchons partout des raisons de rigoler quand même ! Ce monstrueux bouquet de tulipes, d'une laideur confinant à l'arnaque, qu'on souhaite exhiber au cœur de la capitale, et que certains font semblant d'aimer on ne sait pourquoi, ou peut-être aiment vraiment — ce serait plus drôle encore ! —, n'y a-t-il pas là une koonerie d'un comique géant ? Et Trump qui propose, face aux massacres dans les écoles U.S, de filer des flingues aux profs, n'est-ce pas un chef-d'œuvre d'humour noir involontaire ?


Si j'avais un flingue, j'irais tirer sur les tulipes de Koons...
David va-t-il gagner cette fois-ci ?

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En avril, qu'est-ce qu'on lit ? Rostand, Banville, Schade, Keene, Le Guin, Favret-Saada, Meurisse, Modiano, Malthus ! Quelle macédoine !













SITATIONS

Savez-vous de qui sont ces phrases ?

(réponse sur le numéro de la citation...)



1


L'impuissant se glorifie du phallus de son père.




2


Les vainqueurs prennent immédiatement les vices des vaincus.








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